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Le B.a.-ba de la détermination
"Une loupe binoculaire et un microscope constituent tout le matériel indispensable pour la détermination. Une loupe binoculaire basique (objectif 5x et oculaires 10x) pourra très bien faire l'affaire, bien qu'un zoom soit très pratique. Il faut savoir que le matériel haut de gamme peut atteindre des prix vertigineux rendant ces appareils inaccessibles à l'amateur. L'éclairage devra être suffisamment puissant pour permettre un travail aux forts grossissements. Les éclairages froids (à « antennes souples » ou en anneau) sont à cet égard très efficaces mais relativement chers. Le microscope devra posséder au moins des objectifs 6x, 20x, 40x, 60x et 100x et des oculaires 10x. L'éclairage devra là aussi être suf¬fisant et avec un pouvoir transperçant élevé pour permettre l'observation de tissus relati¬vement opaques. Un micromètre étalonné est absolument indispensable pour effectuer des mesures d'organes.
Un spécimen sec à déterminer sera pour partie réhumidifié, afin de pouvoir observer le port à l'état humide et le port à l'état sec. Les observations sous loupe binoculaire et microscope se feront sur matériel hydraté.
Les observations les plus classiques sont les observations de feuilles, de tiges et de capsules. Les feuilles seront simplement arrachées délicatement et placées entre lame et lamelle dans une goutte d'eau. La réalisation de coupes transversales est indispensable pour observer l'anatomie d'une nervure ou d'une tige. Il convient d'utiliser pour ce faire, une lame de rasoir n'ayant jamais servi auparavant, de placer éventuellement l'échantillon à couper dans de la moelle de sureau et de réaliser des tranches fines bien perpendiculaires à l'axe de l'organe. Le péristome sera détaché de la capsule à l'aide d'une lame de rasoir et coupé longitudinalement afin de le dérouler et de séparer l'éventuel endostome hyalin. Toutes ces opérations seront réalisées sous la loupe binoculaire, en manipulant les objets avec des pinces très fines (n° 4 ou 5) et une aiguille montée.
L'usage de colorants (bleu de méthylène, etc.) peut se révéler utile dans certains cas précis. L'observation des structures hyalines est facilité par une coloration assez forte. C'est le cas des feuilles de sphaignes qui présentent des pores parfois difficiles à mettre en évidence sans coloration.
Au contraire, des objets trop opaques ou trop sombres pourront être décolorés avec de l'eau de javel. Cette technique peut être utile pour l'observation de spores de Marchantiales ou de coupes épaisses.
L'utilisation de détergent (liquide à vaisselle) est très utile pour hydrater les spécimens réfractaires mais devra être utilisée avec précaution car le détergent a le grave inconvénient de faire disparaître instantanément les oléocorps des hépatiques." (V. Hugonnot, 2006. Bulletin mycologique et botanique Dauphiné-Savoie, 182 : 77-80)
"Les échantillons séchés pourront être réhumectés et servir pour des études comparatives plusieurs années durant. Certaines espèces xérophiles se réhu-mectent presque instantanément ; faut compter, en général cinq à dix minutes pour la plupart des Muscinées ; pour accélerer la réhydratation, on peut tremper les échantillons dans de l'alcool à 90° puis dans une solution de potassium (KOH) (F. Bick, com. pers.) ; ce traitement rétablit très rapidement la turgescence des feuilles. La ré-hydratation d'une hépatique peut demander une macération durant quelques heures dans de l'acide lactique concentré (J. Augier, 1966) suivie d'un lavage. [...]
Autre investissement indispensable : l'achat d'au moins une paire de brucelles très fines (du matériel d'horlogerie, par exemple), de préférence inoxydables. Une lancette fine peut être utilisée pour prélever les feuilles. Si l'on procède avec des brucelles, le prélèvement des feuilles doit se faire très soigneusement, en saisissant les feuilles vers leur base et en les tirant parallèlement à la tige de haut en bas, de manière à retirer les éventuelles oreillettes sans les déchirer. Les coupes, faute d'un microtome, seront réalisées avec une lame de rasoir neuve sur un échantillon glissé dans une tranche de moelle de sureau ou de polystyrène expansé.
L'observation microscopique des feuilles ou des coupes se fait habituellement à partir d'un montage dans l'eau entre lame et lamelle. L'usage de colorants est rarement nécessaire ; lors de l'identification de diverses sphaignes, le violet de méthyle, le violet gentiane ou la fuchsine peuvent être utilisés pour mieux révéler les pores qui ponctuent les hyalocystes, la forme et la disposition de ces pores étant caractéristiques de certaines espèces. Un test de coloration au Lugol appliqué sur les feuilles peut aider à discriminer certaines espèces du genre Porella.
Plusieurs techniques permettent de conserver les montages entre lame et lamelle ; pour les conservations de longue durée, le montage au Baume du Canada est recommandé. Pour une conservation à moyen terme, on peut se contenter de remplacer l'eau du montage par de la glycérine puis de luter la lamelle au vernis à ongle (F. Bick, com. pers.)." (Bailly G., Vadam J.C. & Vergon J.P., 2004. Guide pratique d'identification des bryophytes aquatiques. DIREN Franche-Comté. 158 p.)
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